Sélection Sieste musicale #2 | Octobre 2021
Dooz kawa est un ovni dans le monde du rap et son cinquième album ne fait pas exception. Les textes sont d'une force extraordinaire et d'une intelligence poétique ; un vrai sens de la formule. Ces textes sont ponctués de références littéraires, philosophiques ou encore mythologiques. Il faut prendre le temps d'écouter très attentivement les paroles pour découvrir de véritables pépités qui peuvent passer inaperçues dans ce flow porté par sa voix éraillée. Dooz Kawa nous parle de notre société de manière désabusée, avec beaucoup de noirceurs ["Tu trouves qu'c'est un cartoon, qu'mes critiques sont des rancoeurs ? P't-être bien car c'est un clown qui a dû créer Les Restos du coeur"]. Parfois les textes sont crus mais ils sont toujours justes et d'une grande profondeur.
Autre particularité, cette attention portée à la musique. Il s'est créé pour chaque morceau un univers musical en s'appuyant sur de véritables mélodies mais aussi en introduisant des instruments improbables pour un album de rap : un violon, un piano ou encore des trompettes. Les textes s'appuient également sur des samples toujours aussi décalés : ici un extrait audio d'enfants enregistré dans les années 70, là une boîte à musique ou encore cet enfant qui nous confie qu'il a peur de la "bombe h et du mariage". Des guests sont également invités. Des chanteurs comme Gaël Faye, Davodka ou encor Swift Guad mais aussi le philosophe Dorian Astor [introduction sur les titres La Vague et Si ce monde...]. Bref, un très bel album qui mérite vraiment de prendre le temps de l'écouter et même de le décortiquer !