Avis
Au sortir de l’adolescence, Paula Karst part en Belgique où elle intègre une école de peinture pour y apprendre l’art du trompe-l’œil. La jeune parisienne débute alors un véritable voyage initiatique, épaulée par deux autres élèves, son brillant colocataire Jonas et Kate, une anglaise atypique.
Ce qui frappe tout d’abord, c’est la justesse de l’écriture : simple, précise, qui sait se faire entendre sans tâtonner. Puis vient l’histoire. Elle se déroule entre 2007 et 2015, erratique comme le passage de l’adolescence à l’âge adulte. Les personnages, attirés par la beauté, sont d’emblée attachants. Ce sont des étudiants expatriés qui doivent apprendre à vivre ensemble ; et qui muent grâce à la peinture. Paula veut copier la réalité. Pour y parvenir elle doit auparavant l’étudier et la comprendre ; en un mot : il lui faut apprendre à voir. Après viendra la copie, qui par la magie des possibles présents entre la pointe du pinceau et la surface, dévoilera la réalité, sa temporalité, sa diversité. C’est à ce prix que notre main est froide en touchant un faux marbre. Ce n’est pas un hasard si le dernier chantier du roman est Lascaux. Un « faux préhistorique » peint au XXIème siècle mais qui dévoile des trésors désormais invisibles et fait ressentir aux visiteurs le vertige des origines. Copier le réel redimensionne la perception que nous en avons. De contrat en contrat, la vie de Paula aurait pu se résumer à la déambulation d’une mercenaire de l’art ; mais l’amour s’en mêle. Un amour pudique, passionné mais qui donne un sens à cette quête de savoir incessante. Une réflexion sur la création (romanesque ou autre) qui vous hantera longtemps.
Christian