Face à son clavecin, il pouvait plonger dans une ± Méditation sur ma mort future », idéale pour accompagner une lecture de Pascal, ou composer un tombeau pour l'Empereur qui ne vous laissera pas de marbre. Johann Jakob Froberger est un esprit austère, et sa musique est moins faite pour faire briller le virtuose qu'il était que pour nous plonger dans un état de mélancolie. Même les danses sont dans ces suites d'une sévérité un peu intimidante... Christophe Rousset, plus rêveur que jamais, est ici dans son élément. Rien de figé, de lourd dans ses interprétations qui semblent (c'est l'impression que Froberger cherchait à obtenir) quasiment improvisées : la forêt d'ornements cache souvent la phrase et les barres de mesure tombent, mais on ne se sent jamais perdu. Tout est dit ici avec élégance et distinction comme il convient à cette musique à la fois pudique et touchante. Le magnifique clavecin de la collection du Musée de la Musique de Paris est aussi pour beaucoup dans cette sensation d’intimité : grâce à la superbe prise de son, on peut apprécier ses belles sonorités comme si nous étions nous-mêmes au clavier.Pablo Galonce (www.musikzen.fr)