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Avis

Marwan est Français, né de parents Marocains. Il se sent Français, ne parle pas l’arabe et ne connaît du Maroc que ce qu’il a pu entrevoir pendant les quelques vacances d’été passées auprès de sa grand-mère et du reste de la famille. Lorsque son père, Tarek, meurt d’une crise cardiaque, il se retrouve à accompagner son corps au Maroc pour qu’il y soit inhumé là-bas. Il ne se doute pas que ce retour aux sources sera aussi celui des révélations.
Ce joli premier roman aborde les questions d’immigration, d’intégration et d’identité mais c’est surtout un roman sur l’amour, l’amitié et la famille. Très touchant.


Caroline
 

Avis

On entre dans ce livre comme on s’imagine se frayer pour la première fois un chemin dans la forêt amazonienne : c’est un peu difficile au début ; le récit, non fictionnel, n’a pas la trame d’une intrigue pour baliser la piste du lecteur. Alors il faut accepter de se lancer, à l’aventure, de découverte en découverte, dans un univers foisonnant de références, d’anecdotes, de souvenirs, de citations. Le récit ne cesse de parler de la manière dont il s’écrit, ainsi l’auteur dévoile l’obsession qui semble à l’origine du livre : « n’oublier jamais aucun lien, aucun détail, aucun visage, aucune lecture. »

Très vite, on se surprend à ne plus pouvoir lâcher cette promenade, ou cette quête, offerte par Patrick Deville. Ce qu’il cherche, c’est à ressaisir pour donner à voir, ou même donner à vivre, tout ce qui a façonné son regard sur le monde : les lectures qui l’ont marqué, les voyages qui l’ont formé, son aventure de la paternité. Le lien père-fils est en effet l’un des fils conducteurs du récit dont le rythme est assuré par des chapitres courts, régulièrement intitulés « père et fils ». De fait, la remontée de l’Amazone en compagnie de son fils Pierre constitue le socle – le tronc – de ce récit, qui s’autorise toutes les ramifications : on découvre ici le lien qui l’unit à son fils, là les bribes du récit d’un précédent voyage, ici des anecdotes historiques sur la conquête de l’Amérique du sud, là des considérations géographiques. Pourtant tout cela est rendu très cohérent par l’écriture de Patrick Deville, aussi précise que poétique, teintée de nostalgie et d’humour et dotée d’un extraordinaire pouvoir d’évocation. A conseiller aux amoureux de voyages et de découvertes, sur les fleuves ou dans les livres…

Mélanie

Avis

Sans connaître le titre ou le nom de l'auteur, on sent quelque chose de très « latin » dans cet ouvrage. Cela chante à l’oreille souvent, le rythme est bondissant, presque "bavard". L’auteur saute de personnage en personnage, de rue en rue, parfois d’objet en objet. Les paragraphes sont d’une longueur rappelant la prose de ce cher Proust mais le ton n’y ressemble en rien. C'est lyrique, poétique, foisonnant. On frôle sans cesse le fantastique sans le rejoindre tout à fait, à la manière de Gabriel Garcia Marquez.
Nana, le cheval de courses acheté par le père de Mimmo, symbolise à elle seule Borgo Vecxhio, courant à vive allure pour échapper à la douleur, dans l’espoir de retrouver sa liberté.
Chacun des personnages rêve de quitter sa vie étriquée ou tourmentée. Le jeune Cristofaro aimerait que son père cesse de le battre chaque soir, son ami Mimmo n’aspire qu’à s’enfuir avec la belle Celeste. Celeste, fille de Carmela, la prostituée notoire de la ville, en lecture permanente sur le balcon familiale pour ne pas déranger les activités de sa mère. Quant au génial Toto le voleur, celui qui court si vite que les gendarmes n’arrivent jamais à l’attraper, il aspire à un bonheur simple et à une « retraite » méritée.
Mais à Borgo Vecchio, si les rêves touchent au sublime, la sombre réalité finit toujours par vous rattraper…

L'auteur a réussi le tour de force, malgré la brièveté de son roman, d'étoffer chacun de ses héros et de les rendre inoubliables. Si vous êtes à la recherche de « réalisme magique » saupoudré d’une pointe de tragédie, ce livre est pile ce qu’il vous faut !

Jessica

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