British Style
À travers de nombreuses archives, une radiographie irrévérencieuse de la garde-robe d’outre-Manche, entre tradition et excentricités, par un Loïc Prigent en verve.
En matière vestimentaire, les Anglais semblent pouvoir tout se permettre, en s'abritant derrière leur flegme légendaire.
Une déferlante de mauve, turquoise, verveine et citron vient pimenter des rues invariablement rouge et gris – on apprend d'ailleurs au passage que la brique est devenue un matériau obligatoire après l'incendie de 1666 qui ravagea une Londres toute de bois bâtie.
Tel un fantasque ethnologue, Loïc Prigent passe au crible la culture britannique, de l'obsession du thé à l'argot chaloupé de Manchester, et en observe les extravagantes répercussions en matière d'habillement.
Dans un pays qui chérit ses traditions, tous les tissus d'ameublement des appartements cosy, du chintz aux voilages, se retrouvent un jour ou l'autre sur les podiums, où se recyclent aussi les passementeries et les casques en poils d'ours des soldats.
En exégète rigoureux, Loïc Prigent a compilé des masses d'archives savoureuses et rapporté des images de défilés non moins fantasques.
Il a écumé les rues, les raouts et les moelleux intérieurs anglais. Mais comme saisi par l'excentricité d'un pays qui a vu naître le punk, les chapeaux délirants et les tailleurs turquoise, il a tout passé à la centrifugeuse et en a tiré un réjouissant inventaire à l'humour acide, dans lequel se côtoient punks déchaînés et dames placides, chav foulant joyeusement aux pieds la respectabilité de la marque Burberry et traders ravis de se ridiculiser au cours de la "journée du pull de Noël affreux".