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Correspondance

Année :
1959
905 p. : 18 cm
"Traduire la correspondance de sainte Thérèse est un travail délicat. Une nouvelle version était-elle nécessaire ? Oui. Car la plupart des traducteurs ont hésité à transmettre, dans sa vivacité, sa familiarité, sa verdeur, le style de l'étonnante épistolière qu'était la sainte espagnole. Jamais elle ne se donnait la peine de polir une phrase; elle écrit "chose" chaque fois que le mot propre ne lui vient pas immédiatement à l'esprit, et c'est souvent; elle ne s'embarrasse pas de formules conventionnelles, son style n'est pas "coulant", mais abrupt. J'ai tenu à garder les heurts et les cahots de l'improvisation, sans jamais adoucir, ni enjoliver. Dans ma traduction comme dans l'original, les répétitions s'entrechoquent. Car le vocabulaire thérésien n'est pas riche; on peut se demander s'il n'est pas aussi pauvre que celui de Racine : cela suffit à faire un grand écrivain. Cela dit, quand elle veut séduire, avec quel art de plaire elle donne à sa phrase un ton de voix ! Ses lettres à Philippe II, au Supérieur général du Carmel, Rubeo, sont des chefs-d'œuvre d'ardeur et de grandeur, sans qu'elle perde rien de sa spontanéité. Elle résume un jour pour le P. Gracian une lettre écrite à un grand personnage et ajoute : "C'était mieux tourné...". "...Tourner" une lettre, elle savait le faire, même lorsqu'elle ne s'en donnait pas la peine, et que le messager s'impatientait à la porte du couvent : elle bénissait en hâte, et apposait sa signature énergique sans prendre le temps de se relire. Qu'importe ? Chez elle, tout est dans le mouvement." Marcelle Auclair