Nul besoin de frontières reconnues pour faire résonner l'âme d'un peuple. De fait, rarement les musiques kurdes avaient refleuri dans la diaspora de façon aussi étincelante qu'avec le projet Nishtiman : quatre ans après un premier album qui fédérait les cultures de trois Kurdistan (Iran, Irak et Turquie), le percussionniste Hussein Zahawy et le virtuose du kamanché Sohrab Pournazeri panachent et régénèrent aujourd'hui (1) un répertoire plus ancien, plus rare, imprégné notamment des cultes archaïques de Mithra et de Zoroastre. Kobané, le morceau titre, est un hymne poignant à cette ville syrienne martyre, protégée par le feu sacré. Le reste emboîte danses tournoyantes, amours épiques et prières célébrant la beauté de la nature. Entre la véhémence des compositions et la modernité des arrangements, les sanglots du doudouk et le chant lancinant de Donya Kamali, l'exaltation ne faiblit jamais. (in Télérama - Anne Berthod)