Le monde après Fukushima
Un dosimètre dérisoire aux carrefours ou accroché au cou des enfants, les renvoie sans cesse au monstre invisible et aux particules tueuses qu’ils tentent de retenir en disposant des bouteilles d’eau aux fenêtres. Dans la région de Fukushima, deux ans après, la vie ou du moins "l’existence" des habitants continue, en intégrant au quotidien la pollution radioactive. Au-delà du séisme et du tsunami, la catastrophe nucléaire a révélé les lézardes d’un système et sa criminelle arrogance. Et tous se souviennent avec effroi de la série d’erreurs et d’atermoiements qui a scellé leur destin, les politiques préférant "minimiser la situation au lieu de réduire les risques".
Bouleversante impuissance
Omniprésente gravité dans le regard, ces familles d’agriculteurs ou de pêcheurs qui s’efforcent désespérément de protéger leurs enfants poursuivent malgré tout leur activité, encadrée par des outils de contrôle. Attachés à leur terre, ils disent leur haine du nucléaire, cette hydre produite par l’homme, que la propagande leur a vendu comme un fleuron de la sécurité industrielle. Une mise en abyme du monde futur, à travers des témoignages bouleversants de vies fracassées, comme celui de cette mère qui a demandé à ses filles de ne pas avoir d’enfants, puisque les victimes sont encore à naître...