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Mélancolie Ouvrière

Année :
2017
5400

Née en 1870, dans une famille de paysans pauvres de la région de Grenoble, Lucie Baud (Virginie Ledoyen) commence à travailler à 10 ans dans une filature de soie. Après avoir perdu son mari prématurément (François Cluzet), jeune veuve, mère de deux enfants, elle s’engage dans la défense des droits des ouvrières de la soie, bientôt affermie dans sa détermination par sa rencontre avec le syndicaliste Charles Auda (Philippe Torreton). C’est le début d’un long combat, celui d’une femme contre les préjugés de son temps.
 

Chansons contre l’oubli

Lucie Baud, belle et tragique figure de la lutte ouvrière, sort de l’oubli où elle était tombée grâce à l’historienne Michelle Perrot à partir d’un mémoire signé par la syndicaliste elle-même et faisant le récit circonstancié de son combat. Qu’une femme ouvrière du début du 20ème siècle écrive en son nom, c’était déjà assez extraordinaire pour être remarqué… On comprend que Gérard Mordillat s’y soit intéressé, non pas sur le mode d’un exposé didactique relatant l’histoire des luttes prolétariennes, mais en donnant chair et vie à l’engagement de son héroïne. En mettant en scène ses doutes, ses élans, son courage, son amour, ses douleurs, son intelligence. Cela passe par la musique de Jean-Claude Petit, fidèle complice du réalisateur, et la place accordée aux chansons fredonnées ou chantées par les personnages, qui du Temps des cerises au Va, pensiero de Verdi, se font les miroirs de leurs sentiments. Cela passe aussi par l’interprétation de Virginie Ledoyen, qui aux côtés d’un Philippe Torreton magistral, prête son regard noir et décidé à cette femme combative et généreuse, incarnant sa tragique destinée avec une intense sobriété.