Molière et le jeune roi
À la faveur des 400 ans de son baptême, une plongée jubilatoire au cœur de l’œuvre de Molière, artiste favori du Roi-Soleil et témoin lucide de son époque comme des petitesses et grandeurs humaines.
Star depuis presque quatre cents ans, Molière a révolutionné le théâtre en portant sur le plateau, avec lucidité et une éblouissante modernité, des questions de son temps : l'éducation des femmes, la violence sociale, les dérives de la religion ou encore la toute-puissance de la médecine… Peintre de ses contemporains, ce fabuleux inventeur de formes a bouleversé le jeu du comédien par une approche moins déclamatoire et plus naturelle. Chef de troupe, auteur prolifique, acteur au jeu grimacier ? "Charlie Chaplin de son époque", Molière fut aimé et admiré, mais aussi moqué, attaqué et victime de cabales.
Capable de répondre en quelques jours à une commande, il sut aussi créer de réjouissants divertissements royaux et sa relation à Louis XIV, dont il resta l'un des artistes favoris, permet de mieux appréhender son théâtre et son statut privilégié. Son triomphe a correspondu à l’apogée du Roi-Soleil, entre amours et plaisirs d'un jeune souverain fou de danse et de théâtre, conscient du rôle politique des arts. Comme les opéras de Lully, les peintures de Le Brun, les bâtiments de Le Vau ou les jardins de Le Nôtre, les pièces de Molière ont constitué autant d'instruments du pouvoir du roi et d’outils à sa gloire. Mais si, par son talent, le poète satirique contribua à l'éclat du règne du monarque narcissique, Louis XIV offrit en retour à Molière les conditions idéales à l’épanouissement de son art, et les moyens de faire évoluer son théâtre vers un "spectacle total". Car au-delà de leur intérêt réciproque, une réelle proximité de pensée liait le souverain et le comédien, tous deux nourris par la culture des salons.