Pasolini, la passion de Rome
En 1950, c’est en proscrit que Pier Paolo Pasolini, 28 ans et déjà écrivain, arrive à Rome avec sa mère de son Frioul natal, fuyant le scandale d’une aventure homosexuelle. Jusqu’à son assassinat, en 1975, sur la plage toute proche d’Ostie, c’est dans cette ville qu’il va vivre et travailler, puisant dans les visages, les paysages et la langue des faubourgs une force qui irrigue toute son œuvre, de ses premiers romans ("Les ragazzi", "Une vie violente") à ses premiers films ("Accatone", "La ricotta", "Des oiseaux petits et grands"…). La capitale italienne représente aussi pour lui un champ permanent d’étude et de réflexion.
Une relation passionnée
Comme dans la splendide exposition Pasolini-Roma dont il est l’un des commissaires, Alain Bergala suit à travers la ville les traces de celui qui fut un artiste et un intellectuel engagé, racontant l’homme et l’œuvre à travers la relation passionnée qui l’a toujours uni à Rome et à son peuple. Un amour mêlé d’amertume dans les dernières années de sa vie, alors que Pasolini a le sentiment de voir disparaître la culture des faubourgs qui l’a tant inspiré, écrasée par une société de consommation sans âme. Tissant extraits de films et d’archives, séquences tournées aujourd’hui sur les lieux mêmes des tournages, photographies, citations, entretiens avec certains de ceux qui l’ont connu ? le cinéaste Bernardo Bertolucci, qui fut son assistant, Ninetto Davoli, son plus grand amour, qui joua dans nombre de ses films, sa cousine Graziella Chiarcossi… ?, Alain Bergala montre aussi combien la pensée et l’art de Pasolini restent intensément vivants aujourd’hui.L’exposition Pasolini-Roma est visible à la Cinémathèque de Paris jusqu’au 26 janvier 2014