Trafic
Conçu par monsieur Hulot, dessinateur industriel pour la firme automobile Altra, le prototype d’une voiture de camping équipée de toutes les commodités doit être présenté au Salon de l’auto d’Amsterdam. Chargée sur un camion, elle se dirige vers sa destination sous la responsabilité de son concepteur, accompagné d’un chauffeur et d’une jeune femme chargée des relations publiques. Mais le voyage est semé d’embûches : crevaison, panne d’essence, accident, contrôle des douanes... Et quand la voiture arrive à bon port, le salon a déjà fermé ses portes.
Homo automobilicus
Réalisé après le grave échec public de PlayTime, Trafic est le dernier film de cinéma de Jacques Tati, qui renoue superficiellement (et pour des raisons commerciales) avec le personnage de monsieur Hulot, qu'il avait abandonné (ou plutôt dilué) au milieu d'une foule anonyme. Cette satire de la domination automobile marque l’accomplissement d’un burlesque expérimental qui n’appartient qu’à Tati. Le tournage en décors naturels – budget oblige – permet au cinéaste de revenir vers un comique d’observation plus spontané. Mais Tati ne renonce pas pour autant à ses recherches obstinées sur l’image, la couleur et le son. Les gags purement graphiques touchent à la perfection, de même que les fameuses inventions linguistiques. Seul hic de ce "Tati-world" qui a tant impressionné des auteurs aussi différents que David Lynch et Otar Iosseliani : les gags atteignent une telle poésie visuelle et musicale qu’on en oublie presque de rire. Il est vrai qu’en 1971, le cinéaste, trop lucide, n’avait plus le cœur à la rigolade. L’art de Tati, supérieurement élaboré, n’oublie pas de rester à l’écoute du monde.
Dès 7 ans