Aller au contenu principal
Avis

Les Appalaches, de nos jours. Une ville près de Locust Creek, entre montagnes et rivière. Des hommes et des femmes avec leurs histoires, leurs désirs, similaires et différents qui, dans un équilibre précaire, arrivent malgré tout à vivre ensemble. A trois semaines de la retraite, Les, le chérif se dit qu’il les connaît bien. Becky, la directrice du parc naturel, hantée par le souvenir d’une fusillade au sein de son école primaire. Gérald, vieillard attaché à sa terre qui ne veut pas vendre son domaine à son voisin, Tucker, propriétaire du relais de pêche pour riches touristes. C.J. Gant, natif du pays comme Les, fils d’un alcoolique violent, self-made-man intègre, employé au relais.

Et pourtant, la nuit où la rivière qui traverse le complexe de Tucker est empoisonnée et que les truites meurent par centaines, menaçant son commerce et ses employés, tout accuse Gérald, cet amoureux de la Nature. Malgré les évidences, Les enquête et va de surprise en surprise.

Ça ne pourrait être qu’un polar, c’est une ode à la Nature et un rejet du manichéisme. Ce groupe d’individualités menace d’exploser à tout instant, poussé par la peur du chômage, la violence et le nihilisme de la drogue. Mais le miracle est là, quotidien. L’homme, à l’image de Les, compose avec la vie … qui peut continuer. Tout cela sous l’œil impavide des monts et des animaux. L’écriture est tour à tour poétique et aiguisée, disséquant sans les juger les spécimens humains que le romancier nous présente. Est-ce parce que tout semble déterminée par l’enfance et qu’on ne la choisit pas, que Ron Rash est aussi compréhensif, nuancé ? Est-ce parce que nous avons tous besoin de croire qu’une fois adulte, on peut changer en bien, que cette histoire nous captive tant ? Où parce qu'on ose penser que les pires situations peuvent toujours se résoudre sans trop de souffrances ? Optimiste mais ne niant pas l'existence du Mal, effrayant (les descentes chez les drogués sont cauchemardesques) et féerique (les tableaux de la faune et de la flore), un livre profondément humain. Donc à recommander.

Christian

S'abonner à