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Benjamin Péret

Année :
1961
In-16 (16 cm), 205 p., pl., portr., fac-sim., couv. ill. 5,40 NF. [D. L. 3618-61]
En attendant, cette œuvre presque tout entière reste à découvrir .... Ce n'est pas qu'elle soit difficile, nécessitant une patiente approche, ne livrant pleinement son sens qu'au prix d'un long commerce. De toutes celles par quoi s'est illustrée la poésie moderne, je n'en vois point qui soit moins fermée, ce qui ne signifie pas qu'elle n'ait, elle aussi, ses obscurités, – tribut payé à la lumière du verbe. Mais rien, ici, qui rappelle la "volonté d'obscurité" qui paraît avoir été celle d'un des premiers poètes que connut et admira Péret : Stéphane Mallarmé. Rien non plus qui ressemble à ce système de défense dont un créateur soucieux de la protéger des intrus entoure en général son œuvre. Tout, ici, semble couler de source; la poésie de Péret a le jaillissement, la pureté et, si l'on peut dire, la candeur de cette source, qui ne sourd, fraîche et joyeuse, qu'à seule fin de revigorer le voyageur. Elle se distingue, cette poésie, d'autres apparemment plus riches ou plus élaborées, par son merveilleux, inimitable naturel, comme si, pour elle, le langage venait à tout instant d'être inventé. Une même évidence absolue, comme d'une prairie sous un ciel de mai, ne cesse de s'en dégager. Poésie immédiate, nous en sommes bien plus près chez Péret que chez tout autre, à commencer par l'inventeur de la formule.