Les manifestations de la question identitaire changent aujourd'hui de formes. On se définissait comme « Français », éventuellement « Européen », de sa région, de sa ville. On est aussi supporter de l'OM, du PSG ou du club de son village, fan d'un chanteur ou défini par la couleur de son gilet. Revers de l'individualisme triomphant, on veut être membre d'une communauté, passer du JE au NOUS et la violence de ce désir témoigne des faiblesses du MOI. Pour appréhender les contours de ce phénomène, l'auteur propose une approche philosophique. Qu'est-ce qui me permet de dire JE ? Un trader new-yorkais n'est pas fondamentalement différent d'un chasseur-cueilleur du magdalénien. Les humains, soumis aux mêmes contraintes et mus par le même besoin de conjurer la mort, ont revendiqué une identité, un « moi profond ». Le JE est une invention nécessaire, et comme un JE ne peut exister seul, il oblige à construire un NOUS. Mais comment concilier le désir d'affirmer une identité et la possibilité d'une vie commune dans la France de la Vème République ? Philosophe « buissonnier », Pascal Bouchard apporte des réponses personnelles en fondant sa réflexion sur celles de Descartes et de Kant, mais aussi sur celles de Beaumarchais, de Proust ou de Roger Vailland. Pascal Bouchard est agrégé et docteur ès Lettres. Enseignant puis producteur sur France-Culture d'une émission hebdomadaire qui dura quinze ans, il créé deux agences de presse spécialisées dans l'éducation (AEF – ToutEduc). Il est l'auteur de plusieurs essais philosophiques sur la morale et la politique, ainsi que des ouvrages sur la pratique du français et le système éducatif. Préface : Denis Kambouchner