"L'Arsenal de Cherbourg (qui construit les sous-marins nucléaires), l'usine de la Hague (qui retraite le combustible des centrales), le Centre de stockage Manche (qui abrite des déchets radioactifs), la centrale de Flamanville (qui accueille le réacteur EPR)... La péninsule du Cotentin est la région la plus nucléarisée de la planète. Comment s'en accommode la population ? Esther Hoffenberg confirme d'abord le constat dressé par la sociologue Françoise Zonabend dans un livre pionnier "La presqu'île au nucléaire" (Editions Odile Jacob, 1989) : ici, le nucléaire est aussi tabou qu'il est omniprésent. Même si, comme la réalisatrice, on n'est ni "pro" ni "anti", poser des questions, c'est déjà faire preuve de subversion. Avec quelques becquerels d'humour et beaucoup de délicatesse, avec une grande sensibilité aux paysages, "Au pays du nucléaire" explore les mécanismes de cette omerta. Esther Hoffenberg recueille la parole d'élus locaux, de militants écologistes, de collégiens, de représentants d'EDF et d'AREVA. Vérités crues, doutes troublants ou banalités dérangeantes se heurtent à l'omniprésence de la communication, de son jargon et de ses euphémismes - "avant de maîtriser l'avenir des déchets, on maîtrise le vocabulaire" - note la réalisatrice dans son commentaire très sobre. (...) Par petites touches savamment assemblées, ce documentaire brosse un remarquable portrait de ce "finistère", interroge avec acuité la gestion des déchets nucléaires." (Samuel Gontier, Télérama, 12 septembre 2009)