Dans la tête de Boris Johnson
Portrait d'un animal politique qui a fait de la provocation une arme, avant de la voir se retourner contre lui. Du Brexit à la pandémie, une radiographie du pouvoir selon "BoJo".
Pris dans la tourmente du "scandale des fêtes" données en violation des restrictions sanitaires, au sein de son gouvernement et jusqu'à Downing Street, mis en cause par son propre camp conservateur, Boris Johnson parviendra-t-il à surmonter la crise qu'il affronte aujourd'hui, la plus grave depuis qu'il a pris, en juillet 2019, les rênes du pouvoir ? Comparé alors à Donald Trump pour ses pitreries et ses prises de position violemment anti-UE, "BoJo" s'est-il démarqué de son homologue américain, une fois devenu Premier ministre, puis avoir gagné quelques mois plus tard, sur un brillant coup de poker, une majorité à sa main ? De sa promesse, tenue, de mettre rapidement le Brexit en œuvre, qui lui a permis de triompher lors de ces élections anticipées de décembre 2019, aux succès et aux impasses de sa gestion parfois chaotique de la pandémie, ce documentaire révèle, derrière le bouffon, un stratège et sa vision, et en pointe les défaillances. Qu'il ait ou non déjà perdu la partie, ce joueur à l'instinct redoutable, qui use de la provocation comme d'une arme, a engagé son pays dans un chemin difficilement réversible. Dans un royaume désuni par le Brexit qu'il a si ardemment promu, et alors que le nombre des décès du Covid-19 y apparaît parmi les plus élevés au monde, malgré une campagne vaccinale éclair, celui qui rêvait de donner à son pays une cohésion nouvelle se voit désormais rattrapé par ses outrances.
Les choix et les silences
De son éducation dans les meilleures écoles de l'establishment britannique à son ascension au sein du parti tory, de ses premières diatribes anti-UE dans la presse de droite à son élection à la mairie de Londres, Alice Cohen retrace le parcours personnel de Boris Johnson pour décrypter les choix et les zones d'ombre de ses deux mandats consécutifs à Downing Street. Avec les témoignages de certains de ses proches (dont sa sœur Rachel), de collaborateurs ou d'adversaires (Tim Montgomerie, son ancien conseiller à la Justice sociale, Michel Barnier, qui a durement négocié avec lui pour l'UE un accord commercial préalable au Brexit...), mais aussi d'observateurs plus distanciés, elle signe le portrait en forme de bilan, nuancé et documenté, d'un animal politique bien de son temps.