Les Tombeaux sans noms
Quatre décennies après avoir été déporté par les Khmers rouges avec ma famille dans la province de Battambang, je suis retourné sur les lieux de leur disparition. Nous étions onze en quittant Phnom Penh. Seuls deux d’entre nous ont survécu.
Je voudrais faire un film pour capter l’invisible présence des morts sans sépulture et combattre l’oubli qui empêche leurs âmes errantes de trouver le repos.
Après "L’image manquante" (Prix Un certain Regard 2013) et "Exil", Rithy Panh poursuit son travail d’exploration intime et spirituel. S21 ou la machine de mort KR et Le maître des forges de l’enfer analysaient le crime à l’œuvre. Les tombeaux sans noms cherchent une voie de paix. Quand un enfant de treize ans, qui a perdu sous les khmers rouges une grande partie de sa famille, part sur les traces des tombes, de glaise ou d’esprit, que trouve-t-il ? Et surtout, que cherche-t-il ? Des arbres fantomatiques ? Des villages impossibles à reconnaître ? Des témoins effrayés ou mutiques ? Le frôlement d’un frère, d’une sœur, à l’approche de la nuit ?
Prix spécial du jury et Bayard de la meilleure photographie, Namur 2018