Un flic
Après le hold-up d'une banque, le commissaire Édouard Coleman est chargé de l'enquête. Il découvre que son meilleur ami, Simon, est impliqué dans l'affaire et que le produit du braquage est destiné à acheter de la drogue. Or, la jeune femme avec qui il vient d’entamer une liaison, Cathy, est aussi la maîtresse de celui qu’il doit traquer…
Jeux de miroirs
Au moment de sa sortie, le génial Un flic dérouta le public et la critique car Melville y succombe sans frein aucun aux sirènes de l’abstraction, à un degré jamais atteint au cinéma, y compris dans ses films précédents. Le ton est donné dès la séquence inaugurale, un hold-up silencieux dans le cadre insolite d’une banque en bord de mer, dans un paysage à l’architecture géométrique tout en lignes de fuite, désert et balayé par le vent et la pluie. Les acteurs ne sont plus que des silhouettes désincarnées, masquées, fantomatiques. Melville ne cherche même pas à camoufler les artifices des décors en studios, la fausseté des maquettes de train et d’hélicoptère lors d’une scène d’action. Au contraire il les exagère et les magnifie, à l’instar d’un autre grand formaliste français qui vient de reconstruire une ville entière pour les besoins de son chef-d’œuvre Playtime, Jacques Tati. Son scénario n’est qu’un prétexte pour mettre en scène plusieurs jeux de miroirs. Un flic (Alain Delon) et son ami gangster (Richard Crenna) jouent au chat et à la souris et se partagent les faveurs d’une beauté blonde ? Catherine Deneuve, ange de la mort qui traverse le film comme une image glacée, loin des enjeux émotionnels de ce film d’hommes. C’est en réalité Melville – et à travers lui les autres acteurs du film – qui regarde Delon, policier solitaire traversant tel un somnambule le Paris nocturne, de décors de boîtes de nuit en décors de commissariat, aussi stylisés les uns que les autres.