Her
Theodore se sent seul. Il se remet mal de son divorce et sa belle plume ne sert qu'à pallier les défauts de communication de ses contemporains. Écrivain public numérique, il rédige à la demande des messages enamourés ou des souhaits émus d'anniversaire de mariage. Abruti par sa vie divisée entre travail, jeux vidéo et sexe froid, il découvre, au cours d'une mise à jour, que tous ses appareils high-tech disposent d'un nouveau système d'exploitation, qui prend la voix délicatement éraillée de Scarlett Johansson. Conçue pour s'adapter et évoluer, cette intelligence artificielle le trouble : elle perçoit les sentiments humains avec précision et subtilité, comprend l’art, la beauté, l’humour, la tristesse, la nuance et, surtout, l’amour. Theodore s'engage dans une relation qui le dépasse…
Fondé sur un scénario éblouissant, Her est un conte philosophique mâtiné de science-fiction. Remarquablement interprété par un Joaquin Phoenix bouleversant, accroché à la voix sensuelle de Scarlett Johansson, le film réussit à rendre crédible cette histoire d'amour déroutante. Dialogues percutants, bande originale séduisante, plans travaillés : la mise en scène, brillante, fait évoluer les personnages dans un environnement hipster et impersonnel, délavé par un filtre sépia qui renforce la confusion entre réel et virtuel. Un film à la fois lucide, tendre et cruel, dont on ne sait s’il s’agit d’une audacieuse utopie ou d’une chimère tristement réaliste, située dans un futur proche.