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La bonne conduite

Année :
2021
5700

De retour dans la cité où il a grandi, un militaire accepte de reprendre les rênes de l’auto-école de son père, gravement malade. Avec sa mosaïque de destinées entravées, ce feel good movie balaie avec générosité les clichés sur la banlieue. 

 

Quinze ans déjà que Pierre, maître principal dans la Marine nationale, a largué les amarres de la cité du nord de la France où il a grandi. Après des années de silence, il fait sur la pointe des pieds son retour entre les tours après avoir appris que son père, avec lequel il a coupé les ponts, est hospitalisé. Pour épauler Félix, le seul employé de l’auto-école paternelle, il accepte d’assurer un temps l’intérim auprès des candidats au permis de conduire. Mais entre les valeurs et les principes défendus bec et ongles par ce militaire de carrière et la débrouille, le dilettantisme, la pesanteur des rigueurs religieuses et la petite criminalité à l’œuvre chez les habitants de ces grands ensembles, le fossé semble difficile à combler…

Prendre le volant
Divorcé et père d’un ado qu’il n’a pas vu depuis des années, Pierre (Alban Lenoir) s’accroche à ses convictions. Il se tient en voiture comme dans sa vie : rivé sur le siège passager. Taciturne et rigide, le militaire veut remettre au pas Félix (Olivier Saladin), le salarié brouillon de son père (André Wilms), et mener à la baguette ceux qui se succèdent à ses leçons de conduite. Derrière le volant prennent place Mata, une perspicace jeune femme, Nasser (Riadh Belaïche), volubile organisateur de concerts de rap, Yaguël, vieille dame appelée à conduire jusqu’au bled la voiture familiale. Il y a aussi le bouillonnant Rachid, qui trempe dans des deals peu orthodoxes, et surtout Yasmina (Naïlia Harzoune), une jolie mère de famille en mal d’amour. Dans le huis clos de l’habitacle, les langues se délient, les trajectoires et les secrets se révèlent... Pierre, petit à petit, s’ouvre à ceux-là mêmes qu’il avait tant cherché à fuir. Avec tendresse, Arnaud Bédouet réunit un petit monde en mosaïque, contraint de livrer bataille pour prendre la main sur son destin. Se jouant des clichés attachés à la banlieue, le réalisateur orchestre avec brio la générosité des modestes, l’énergie des jeunes issus de l’immigration et leurs rêves d’un monde meilleur. Un feel good movie à la chaleur humaine contagieuse.