Bagdad, chronique d'une ville emmurée
Bagdad, capitale d'un pays en décomposition, vit au rythme d'attentats quasi quotidiens. Ses habitants dressent le sombre portrait d'une ville qui se mure de toutes parts." Dans les bouchons ou au checkpoint, je suis toujours sur le qui-vive. Je regarde à droite, à gauche, en me demandant quelle voiture va exploser." Hussein est professeur d'université. Comme la grande majorité des huit millions de Bagdadis, il sort rarement de chez lui et a perdu tout espoir d'un avenir meilleur. Treize ans après l'invasion américaine, Bagdad, capitale d'un Irak corrompu, militairement faible et soumis aux puissances iranienne et saoudienne (entre autres), paie au prix fort le conflit entre musulmans sunnites et chiites, relancé par l'essor de Daech depuis deux ans. En 2015, trois mille cinq cents personnes y ont péri dans des assassinats ou des attentats. Et 2016 s'avère pour l'instant tout aussi meurtrière... Alors, pour se protéger des attaques terroristes, mais aussi pour mieux acter la séparation entre sunnites et chiites, des murs se sont dressés partout dans la ville.Chronique de l'enferCe documentaire est une chronique de Bagdad, de ses habitants (chiites à 70 %) et de leur désespoir. Avec son confrère photographe Laurent Van der Stockt, dont les images ont fait le tour du monde, le réalisateur Lucas Menget, grand reporter et correspondant de France 24 à Bagdad, qui a tiré un livre de ses années passées en Irak (Lettres de Bagdad, Editions Thierry Marchaisse) est parti à la rencontre de chefs religieux et politiques, de miliciens, de journalistes... Tous vivent à Bagdad. Certains subissent ce quotidien infernal. D'autres l'alimentent. Les journalistes ont par ailleurs réussi à braver l'interdiction de filmer les murs de séparation, désormais constitutifs de la capitale irakienne, offrant ainsi un aperçu unique de cette ville mutilée.