Assistance mortelle
Le 12 janvier dernier, le troisième anniversaire du séisme qui a fait, en Haïti, 230 000 morts, 300 000 blessés et 1,5 million de sans-abri, a donné lieu au même bilan sévère que les années précédentes : reconstruction à peine entamée, marasme économique, pérennisation de campements de fortune et de nouveaux bidonvilles surpeuplés à Port-au-Prince et alentour.
C’est cet échec que le cinéaste haïtien Raoul Peck a documenté deux années durant, en braquant son regard sur l’aide internationale, qui en est à ses yeux la première responsable. Arrivé sur place dès le lendemain de la catastrophe, frappé par le gigantisme et l’opulence de la machine humanitaire qui se déploie, il décide d’observer dans la durée le processus de la "reconstruction en mieux". "Build back better", promet en effet Bill Clinton, coprésident (avec le Premier ministre haïtien de l'époque, Jean-Max Bellerive), de la Commission intérimaire pour la Reconstruction, chargée de coordonner l’ensemble des secours.