Quelques veuves de Noirmoutier
Des vieilles femmes au visage creusé par le sel (nous sommes dans un pays de marais salants) racontent des bribes de leur vie d'autrefois, passée le plus souvent en l'absence de leur mari parti à la pêche. D'autres femmes, plus jeunes, qui parfois exercent une profession indépendante, parlent du choc de la mort soudaine et de leur rêve familial brisé. Si toutes ne portent pas le deuil de la même manière, chacune n'en partage pas moins des sentiments communs qui sont suggérés ici avec beaucoup de pudeur : la solitude qui vous assaille le soir, le manque d'une présence charnelle, la place où dormir dans le grand lit...
Les questions d'Agnès Varda, directes et subtiles, appellent des réponses franches, et son approche respectueuse de l'existence permet à la parole des unes et des autres de se déployer comme dans une douce conversation entre voisines. Visages et mains filmés en gros plans, amples paysages et objets familiers (les meubles de la maison, les photos du bonheur) composent autant de tableaux auxquels donnent sens des récits toujours émouvants, profonds et justes. Avec l'art de l'écoute et de la retenue qui la caractérise, Agnès Varda arrive une fois de plus à saisir la part sensible de la vie intime.