Robert G. Mehlman est un mégalo-mythomane complet. C'est aussi un écrivain raté, un père délinquant, un mari infidèle, un amant plus loquace que performant - aucune de ces catégories n'excluant les autres. Traînant pour tout bagage une valise remplie de lettres toujours cachetées, pour toute fortune une liasse de cartes de crédit dont les comptes sont vides, pour tout compagnon une belle dame rencontrée dans un delicatessen, Mehlman joue ses espoirs, son avenir, sa vie au casino d'Atlantic City. Le destin - qui lui a souri une fois en lui offrant un best-seller mondial (La Cuisine polonaise juive après Auschwitz) - ne lui donnera pas une seconde chance. Après maintes aventures désopilantes, cocasses, folles, racontées par son fils Harpo, Mehlman finira mal, très mal. Arnon Grunberg, auteur des Lundis bleus (Plon, 1999), prouve une fois de plus qu'il possède une plume superbe et un imaginaire digne de celui des contes de fées. On savoure une excellente histoire dans laquelle l'humour, la fantaisie et la duplicité se mélangent pour offrir une vision profonde du monde : drôle et méchant, délirant et touchant, révoltant et stimulant. Pas étonnant que l'auteur (né en 1971) connaisse un immense succès aux Pays-Bas, et que Douleur fantôme ait remporté à sa parution le très prestigieux prix AKO (équivalent du Goncourt).