Friedrich Gernsheim a concentré l'essence de son art dans ses partitions chambristes. Les deux concertos qu'il écrivit pour le violon sont séparés par plus de dix années durant lesquelles sa musique de chambre se serait épanouie. Le 1er est un rien indécis, concerto-récitatif à la manière de Spohr mais sans ses libertés narratives, avec une pointe de Schumann dans l'orchestre. Le second est un concerto-ballade, où le soliste prend la main, chante avec une fantaisie de tous les instants, et laisse parfois l'orchestre s'épancher seul. Oeuvre magnifique, qui dans le grand appareil symphonique récupère les vertus si lyriques de cette manière unique dans l'histoire du romantisme tardif. Evidemment ces paysages de fantaisie ont une pointe de Brahms, Gernsheim était un de ses intimes mais le ton parfois scène d'opéra que prend le soliste est décidément hors champs. Linus Roth y déploie ses aigus de grâce, phrase avec brio et tendresse, révélant l'oeuvre majeur de ce disque où la Fantaisiestucke, charmante, est un complément aussi parfait qu'anecdotique (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé)