Un homme s'échoue sur la plage d'une île. Il est nu, affamé, et surtout il n'est pas comme les habitants de l'île. La terrible histoire du sort qui sera réservé à cet étranger démonte bien les ressorts du développement du sentiment de xénophobie parmi une population : la crainte, l'affabulation, le rejet, la faiblesse de la voix qui tente de s'opposer à la majorité... L'illustration, dans la tradition de l'expressionnisme allemand, toute en tons gris et mornes, souligne cruellement le déroulement. Elle oppose le petit homme nu et seul à la masse compacte, massive et sombre de la foule, elle tord de crainte ou de haine les visages et les corps, elle prolonge ce que le texte, qui se borne au mode descriptif, ne se permet pas de dire, elle montre l'excessif, l'outrance des sentiments de ces gens qui ne trouvent plus, comme solution pour se protéger, que la construction d'un immense mur autour de leur île