Le premier morceau débute sur un accompagnement de guitare simple, sec. Une voix céleste de soprano dessine des volutes évanescentes. Avec ses aigus à briser les verres, ses vibratos, sa voix souple comme une corde de luth, cette chanteuse sud-coréenne aurait pu devenir une étoile d'opéra. Mais elle a consacré son talent à un jazz fait sur mesure. Au fil de douze morceaux, la diabolique Youn Sun Nah ne cesse de changer de registre. Dans Calypso Blues, elle trouve les accents d'un Elvis au féminin, puis se lance dans un jazz-rock funky qui ferait pâlir Miles Davis, enchaîne sur une mélodie noire, captivante, qui rappelle les Murder Ballads, de Nick Cave... A pas de danse, elle virevolte sur un frevo - le rythme du carnaval brésilien - marche de guingois sur un morceau damné de Tom Waits, prête enfin sa voix à une reprise troublante d'India Song, de Marguerite Duras et Carlos d'Alessio, chantée en français... (www.lexpress.fr)