Marjolaine Reymond, longue jeune femme aux gestes saccadés et à la voix un peu barge, semble décidée à faire entendre de l'inouï dans l'univers balisé du jazz vocal. To be an Aphrodite or not to be est un disque de jazz qui dérange avant de séduire, ou plutôt qui séduit en dérangeant. L'instrumentation, d'abord, fait dominer le vibraphone, qui a un son propre au jazz mais qui, ici, sous les mailloches de David Patrois, ne ressemble guère à Milt Jackson ou Gary Burton mais introduit de l'inaccoutumé. Et puis il y a cette voix, cette façon de poser les mots en un chant insidieux, tour à tour provocant, apaisant, excitant, exaspérant, ravissant au sens fort, c'est-à-dire un peu fou. Aphrodite, vous dit-on, déesse luronne de toutes les amours et surtout des moins chastes. De la poésie avant toute chose, dit le poète. Et de la musique qui désarçonne, dit la chanteuse. - (www.telerama.fr)