La création du ballet Le Prince de bois, le 12 mai 1917 à l'Opéra de Budapest, suit d'un an celle du Château de Barbe-Bleue et l'oeuvre reçut un accueil enthousiaste. Alors que le Château de Barbe-Bleue de 1911 montre déjà le Bartók de la grande époque, Le Prince de bois, ballet de 1916, dans un style symphonique ± à l'ancienne », semble quelque peu revenir à un langage plus consensuel, plus proche d'un Stravinski par exemple, moins expérimental certes. Naturellement, ne voyez en cette remarque aucune considération d'ordre qualitatif : Le prince de bois reste un chef-d'oeuvre absolu, du niveau de n'importe lequel des grands poèmes symphoniques de cette époque ; ce conte de fée aux résonances mystiques et philosophiques inspira au compositeur une orchestration somptueuse, foisonnante et brillante, absolument magistrale, ainsi qu'une invention harmonique et thématique non moins éblouissante et une tension réellement dramatique tout à fait extraordinaire. Par son interprétation énergique et limpide, Marin Alsop rend pleinement justice à l'ampleur et la modernité de cette partition et s'impose une nouvelle fois comme un chef majeur du répertoire du 20e siècle.- (copyright www.abeillemusique.com)